Jalousie entre frères et sœurs : comprendre et apaiser les conflits à la maison

 
 
 
 

Vous en avez assez des disputes, des “C’est pas juste !” et des cris qui rythment vos journées ?

Rassurez-vous, vous n’êtes pas seul(e). La jalousie entre frères et sœurs est une réaction naturelle, mais elle peut être apaisée.

Dans cet article, je vous aide à mieux comprendre ce qui se joue derrière ces tensions, à reconnaître les signes de jalousie, et à découvrir des outils concrets et bienveillants pour retrouver un climat plus serein à la maison.

Parce que derrière chaque conflit se cache un besoin, et qu’avec un peu d’écoute et de guidance, la fratrie peut devenir un formidable terrain de croissance.

 

Pourquoi la jalousie apparaît-elle entre frères et sœurs ?

La jalousie est une émotion humaine naturelle qui se développe très tôt chez l'enfant. Elle prend souvent racine dans :

  • Le besoin d'exclusivité : chaque enfant veut se sentir unique et irremplaçable aux yeux de ses parents.

  • La comparaison : même involontaire, la comparaison d'un enfant à l'autre peut faire naître un sentiment d'infériorité.

  • Le développement du cerveau : avant 6-7 ans, le cerveau est dominé par les émotions. L'enfant ne peut pas encore bien réguler la frustration ou partager son parent.

 
 

Comment reconnaître les signes de jalousie ?

La jalousie entre frères et sœurs peut prendre des formes très variées selon l’âge et la sensibilité de l’enfant.

Elle s’exprime souvent à travers des disputes répétées, parfois pour des raisons qui semblent futiles, ou par des gestes visant à "reprendre sa place" : se coller dans les bras du parent, vouloir absolument s’asseoir à côté, interrompre systématiquement l’autre.

Certains enfants montrent aussi des signes de régression, comme un retour au langage de bébé, le pipi au lit, ou un refus soudain de dormir seul.

Parfois, cela s’exprime avec des mots très clairs : « Tu l’aimes plus que moi », « Il a toujours tout ».

Camille, 5 ans, par exemple, a recommencé à faire pipi au lit et à parler comme un tout-petit depuis l’arrivée de sa petite sœur.

Quand on lui demande ce qu’elle ressent, elle dit simplement : « Elle te prend tout ton temps. »

Une phrase qui révèle un besoin d’attention et une insécurité affective que l’enfant ne sait pas encore formuler autrement.

 
 

Ce qu’il vaut mieux éviter… pour ne pas aggraver le sentiment de jalousie

Face à ces tensions, nos réactions peuvent parfois, sans le vouloir, renforcer la jalousie au lieu de l’apaiser.

Par exemple, comparer les enfants, même subtilement, en disant « Regarde ton frère, lui, il sait partager », risque d’intensifier le sentiment d’injustice chez l’autre. Cela peut être vécu comme une mise en compétition pour l’amour ou la reconnaissance.

Punir systématiquement celui qui explose revient souvent à sanctionner un mal-être mal exprimé. Bien sûr, les gestes violents doivent être encadrés, mais il est essentiel de comprendre qu’un comportement difficile cache souvent une émotion non entendue, et non de la “méchanceté gratuite”.

Et enfin, nier ou minimiser les émotions en disant « Mais non, il n’a pas plus de temps que toi avec moi, arrête de dire ça ! » revient à invalider un ressenti réel. Cela coupe court au dialogue et empêche l’enfant de comprendre ce qu’il traverse.

D’autres erreurs, plus subtiles, peuvent aussi créer des déséquilibres, sans qu’on le veuille :

  • Forcer systématiquement l’aîné à céder, sous prétexte qu’il est “plus grand”, peut générer du ressentiment.

  • Valoriser uniquement l’enfant calme renvoie le message qu’il faut étouffer ses émotions pour être “aimable”.

  • Trop s’excuser ou surcompenser auprès d’un enfant en difficulté affective peut, paradoxalement, le maintenir dans une posture de victime.

À la place, l’idée est de reconnaître les émotions sans valider les comportements inacceptables, et d’ouvrir un espace d’écoute.

Dire par exemple :
🗣 « Je comprends que tu sois en colère. Ce n’est pas facile de partager ses parents. »
🗣 « Tu as le droit d’être fâché, mais tu n’as pas le droit de taper. Viens, on cherche une autre façon de le dire. »

En posant ces mots, on aide l’enfant à se sentir entendu, tout en lui donnant un cadre sécurisant. C’est là que peut commencer un véritable apaisement.

 
 

5 stratégies concrètes pour apaiser la jalousie entre frères et sœurs

Quand la jalousie s’installe, ce n’est pas en cherchant à "répartir équitablement" jouets, temps ou câlins que tout s’apaise. Ce qui fait réellement la différence, ce sont des gestes du quotidien, simples et réguliers, qui répondent aux besoins affectifs de chaque enfant.

Voici cinq pistes simples et efficaces à mettre en place à la maison pour apaiser les tensions et renforcer les liens entre vos enfants :

 

1. Offrir un temps individuel à chaque enfant

Même quelques minutes par jour peuvent suffire. L’enfant a besoin de sentir qu’il existe pour vous en dehors de la fratrie. Un temps en tête-à-tête, sans distractions, où il choisit l’activité : lire une histoire, cuisiner, dessiner ensemble… Ces moments nourrissent son besoin d’attention et d’amour exclusif.

2. Mettre des mots sur les émotions
La jalousie se manifeste souvent par des comportements difficiles. En l’aidant à exprimer ce qu’il ressent, vous désamorcez les tensions. Par exemple : « Tu aurais aimé que je sois plus avec toi ? Tu t’es senti mis de côté ? » Valider l’émotion sans juger permet à l’enfant de se sentir compris, ce qui apaise instantanément son cerveau émotionnel.

3. Instaurer un rituel de réparation après un conflit
Quand il y a dispute ou blessure, proposez un petit rituel pour restaurer le lien : faire un dessin pour l’autre, préparer une "potion magique de réconciliation", inventer un jeu ensemble… Ces moments symboliques permettent de réapprendre à se reconnecter sans passer par la punition.

4. Valoriser les qualités uniques de chacun
Chaque enfant a besoin de se sentir vu pour ce qu’il est. Plutôt que de chercher à tout égaliser, mettez en lumière les forces de chacun : « Ta sœur est très patiente, et toi tu es plein d’imagination. » Cela évite les comparaisons et nourrit l’estime de soi de manière équitable.

5. Utiliser les supports visuels et ludiques pour ouvrir le dialogue
Les enfants comprennent mieux en jouant ou en s’identifiant à des personnages. Livres, jeux de rôles, dessins animés ou vidéos permettent d’aborder la jalousie de façon indirecte mais très efficace. Les vidéos de Maîtresse Amayette, par exemple, abordent la jalousie avec des petits personnages rigolos, des scènes du quotidien et des outils concrets pour apprendre à se calmer et à se réconcilier.

 

Le saviez-vous ?

Une étude menée par Kolak & Volling (2011) montre que les enfants qui apprennent à réguler leur jalousie dès le plus jeune âge développent des relations fraternelles plus positives sur le long terme.

 
 

Prévenir la jalousie dès le plus jeune âge

La jalousie entre frères et sœurs peut s’atténuer si l’on pose, dès le départ, les bases d’une culture familiale de coopération, de reconnaissance et d’écoute.

Dès la naissance d’un nouveau bébé, il est précieux de préparer l’aîné avec des mots simples et rassurants. Parlez de l’arrivée à venir avec douceur, sans en faire trop, et surtout, impliquez-le dans les petits gestes du quotidien : aller chercher une couche, chanter une berceuse, apporter un doudou. Ce rôle actif valorise sa place, et il ne se sent pas mis à l’écart. N’hésitez pas à souligner son importance avec des phrases comme : « Tu es un grand frère très attentionné » ou « Ta petite sœur a de la chance de t’avoir ».

Au quotidien, encouragez aussi des jeux coopératifs, où les enfants gagnent ensemble, s’entraident ou construisent quelque chose à deux. Valorisez les moments de complicité, même brefs, en les photographiant, en les racontant dans une histoire du soir ou en les notant dans un petit "journal des bonheurs en famille".

🧩 Activité offerte pour apaiser la jalousie : le Puzzle de la Famille


Pour renforcer l’estime mutuelle et montrer à chaque enfant qu’il est unique et précieux dans la famille, je vous propose de créer ensemble un puzzle de la famille.
Chaque membre reçoit une pièce de puzzle à compléter avec :

  • son prénom,

  • son plat préféré,

  • une activité qu’il aime,

  • le nom de ses amis…

Une fois les pièces terminées, on les assemble pour former un grand puzzle commun. Le message est simple et fort : “Nous sommes tous différents, et c’est ensemble que nous formons notre famille.”

📥 Ce puzzle est disponible en téléchargement ici.

C’est une activité douce, symbolique, que l’on peut refaire régulièrement, pour montrer les évolutions de chacun. Elle aide à ancrer l’idée que chaque personne a sa place, sa valeur, et qu’il n’est pas nécessaire d’être “pareil” pour être aimé.

 
 

Et si la jalousie persiste ?

Il arrive que, malgré tous vos efforts, les tensions restent vives et récurrentes. Vous avez mis en place des rituels, validé les émotions, proposé du temps individuel… mais rien ne semble vraiment changer. Ce n’est pas un échec : c’est simplement le signe que l’un des enfants (ou parfois les deux) porte un besoin plus profond, souvent lié à une insécurité affective, à une période de transition, ou à une sensibilité particulière.

Dans ces cas-là, il est important de revenir aux fondations : du temps de qualité régulier, des moments d’écoute authentique, des émotions accueillies sans jugement. Souvent, c’est la constance qui finit par rassurer.

Pensez aussi à multiplier les moments de coopération joyeuse, car les enfants ont autant besoin de vivre ensemble des conflits que de vivre ensemble des réussites. Construire une cabane, inventer un spectacle, préparer un goûter à deux… Ces expériences communes renforcent le lien fraternel de manière positive.

Et surtout, n’attendez pas d’être à bout pour demander de l’aide. Un regard extérieur bienveillant peut faire toute la différence. Un professionnel (psychologue pour enfants, thérapeute familial, éducateur spécialisé) peut vous accompagner, ou proposer à votre enfant un espace sécurisé pour déposer ce qu’il ressent.

 
 

🌱 Pour aller plus loin et travailler sur la jalousie et autres émotions désagréables : un programme complet pour accompagner vos enfants

Si vous sentez que la jalousie entre vos enfants s’installe durablement, ou si vous souhaitez tout simplement leur offrir des outils pour mieux comprendre, exprimer et réguler leurs émotions, je vous invite à découvrir le programme vidéo “Gestion des émotions” que j’ai conçu, spécialement pensé pour les enfants de 3 à 8 ans.

Ce programme, à la fois ludique et pédagogique, permet aux enfants de :

  • découvrir des vidéos sur la jalousie, la colère, la confiance en soi ou encore la frustration, avec des mots simples et adaptés à leur âge ;

  • s’identifier à des personnages attachants qui vivent des situations du quotidien, pour apprendre à se mettre à la place de l’autre et développer leur empathie ;

  • pratiquer des techniques concrètes comme la respiration, la communication non violente (CNV), l’EFT, la libération corporelle ou encore des rituels de retour au calme.

🎥 Chaque vidéo est conçue comme un mini-coaching en douceur, pour que l’enfant puisse progresser à son rythme, en autonomie ou accompagné d’un adulte.

Ce programme est un véritable outil d’éducation émotionnelle, à la maison comme à l’école, qui aide les enfants à mieux vivre ensemble, à se sentir compris… et à grandir avec plus de sérénité.

👉 En savoir plus ici : Programme Gestion des émotions

 
 
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